IN MEMORIAM

SERGENT Marcel LECLERE :

18 avril 1947 à 07h00 : La Cie s’apprête à passer la Rivière Noire. Elle est brutalement prise à partie par des feux violents de fusils et de VB provenant des rochers en surplomb. Nous ripostons mais en quelques minutes, à terre sur le chemin et sur la plage dans le sampan où s’embarquait le 1er Peloton nous avons 1 tué ( Sergent Leclère du 3ème peloton) et des blessés.

17h00 : Enterrement du Sergent Leclère à Cho Bo (en attendant que le corps puisse être ramené à Hanoï).

Le Sergent Leclère, originaire de la Houssière, petit village des Vosges, avait 24 ans quand sa vie s’est arrêtée.

Ernest Morin se souvient de ce moment tragique :

J’étais devant lui, je l’ai entendu tomber et murmurer ces derniers mots : « Adieu les gars ».

Inhumé initialement dans le cimetière de la rue Sergent-Larrivé commune de Hanoï – Son corps a été rapatrié à Fréjus en 1986/1987

Son nom est inscrit sur le Mémorial du 1er RCP à Pamiers (09), sur le Monument aux Morts de La Houssière (88) et sur le Monument commémoratif départemental, guerre d’Indochine d’Épinal (88).


CAPORAL Robert BAPTISTE

20 avril 1947 à 09h00 : Accrochage à Mo Em. Les VM tirent de très loin. Nous ripostons au mortier de 81 Le Caporal Baptiste Robert, du 1er Peloton est tué à 09h30, d’une balle au cœur. Les Pelotons Gardes (à droite) et Gourlaouen ( à gauche) avancent.

15h00 ; Des vivres nous sont parachutées puis nous enterrons le Caporal Baptiste.

Le Caporal Robert Baptiste , originaire du Havre, n’avait que 19 ans lorsqu’il fut touché en plein cœur par cette balle tirée par un soldat du Viet-Minh. Photographe non officiel de la 1ère compagnie , ses camarades lui ont rendu un dernier hommage en prenant sa dernière demeure avec son appareil qu’il avait emmené au combat. Ernest Morin a pris soin de couvrir la tombe de feuilles de palme et de confectionner une croix . Le corps du Caporal Baptiste ne pourra pas être récupéré . Il repose toujours en terre vietnamienne.

Son nom est inscrit sur le Mémorial du 1er RCP à Pamiers (09) et sur le Monument aux Morts 19ème siècle et Indochine de Yvetot (76)

Quelques souvenirs du Caporal Baptiste :


CAPORAL Hubert BONNETAIN (CCB1)

21 avril 1947 à 13h00 : Un homme de la CB1 ( Caporal Bonnetain) se noie en essayant d’établir le va-et-vient.

Son nom figure sur le Mémorial du 1er RCP à Pamiers


Mort du Caporal Bonnetain : Le Caporal Hubert Bonnetain, de la Compagnie de Commandement du 1er Bataillon, allait avoir 20 ans. Il s’est noyé en tentant d’installer un va-et-vient afin que la 1ère Cie puisse franchir la Rivière Noire. Dans son livre  » Le Para » consacré à René Leguéré qui servait au 2ème Peloton de la 1ère Cie, Georges Fleury relate la mort du Caporal Bonnetain :

 » Les chasseurs de (l’adjudant) Payen fouillent les bords de l’eau pour y découvrir des embarcations.

– Il n’y a rien annonce( le Sergent-Chef) Leguéré au Ltn Blanc. On va établir un va et vient de fortune..

– Je suis bon nageur, avance le Caporal Bonnetain, je vais m’encorder et passer sans histoire…

Le volontaire se passe l’extrémité d’un longue et solide corde de chanvre en boucle autour de la taille et, glissant sur les herbes de bord de la rivière, s’engage résolument dans le courant.

Bonnetain s’enfonce presque tout de suite et se met à nager en longues brasses vigoureuses et efficaces. Ses compagnons silencieux le suivent des yeux.

 » C’est vrai qu’il nage joliment bien, le bougre » se dit Leguéré en appréciant en connaisseur l’effort athlétique du Caporal.

Un parachutiste tient l’autre extrémité de la corde qui file lentement entre ses doigts. Le nageur se retourne dans le courant et fait un signe du bras pour signifier que tout va bien pour lui.

– Plus que vingt mètres, évalue Leguéré pendant que Bonnetain reprend le rythme de ses brasses volontaires.

Des avions tournent dans le ciel, prêts à intervenir en cas d’accrochage sérieux. Baudin, un sous Lieutenant détaché du PC du Bataillon, aux ordres de Blanc, se tient tout près de Leguéré.

Tout à coup, l’éclaireur semble en difficulté dans les remous. Leguéré, aveuglé par la luminosité des franges de vaguelettes brillantes, plisse les yeux pour mieux suivre la forme imprécise. Balloté comme un chiffon mort, le nageur apparait et disparait tour à tour dans les tourbillons.

– Bon Dieu ! souffle le sergent-chef en courant au plus près de la rivière. On dirait qu’il n’avance plus !

Le chasseur qui tient le bout de la corde ne sent plus le chanvre glisser entre ses doigts. Bonnetain sort un instant la tête hors de l’eau au dessus du remous. Sa bouche grande ouverte avale goulument des gorgées d’air frais.

– Il coule ! hurle presque Leguéré en voyant le caporal faire un geste désespéré du bras droit avant de disparaitre dans les flots mouvants.

La corde, soudain lâche, flotte en suivant le courant. Le chasseur la ramène sans effort vers la rive, machinalement.

Un instant Bonnetain refait surface en battant l’air de ses deux bras en mouvements désordonnés. Des hommes bondissent dans les flots pour essayer de rattraper leur malheureux compagnon.

– Revenez ! crie Leguéré lorsque le corps a replongé dans le flot tourmenté. Vous ne pouvez plus rien »

Georges Fleury dans « Le Para » aux éditions Grasset

11 Mai 1947

12h00 : Patrouille avec 8 hommes du 1er Peloton et 6 hommes du 3ème Peloton ( Chef : Slt Gardes) sur 1 GMC et 1 HT. Mission : Nettoyer la zone suspecte à Gia Ghong.

13h00 : Retour de la patrouille du S/Lt Gardes : Des obus non éclatés ont été trouvés sur la route. La mitrailleuse de 30 du HT, armée 2 fois a été déclenchée par un faux mouvement et a envoyé une rafale sur le GMC : le Sergent-Chef Corai et le Chasseur Niedzwiedz sont tués, le Chasseur Chevalier est blessé au cou.

Sergent Chef CORAI Corentin

Le Sergent- Chef Corai Corentin, âgé de 27 ans était originaire de Plamehi, village du Finistère. Son nom figure sur le Mémorial du 1er RCP à Pamiers et sur leMonument aux Morts de Plomelin dans le Finistère (29).


Chasseur NIEDZWIEDZ Joseph

Le chasseur NIEDZWIEDZ Joseph, originaire de Lassigny dans l’Oise, avait 21 ans.

Son nom figure sur le Mémorial du 1er RCP à Pamiers.


13 Mai 1947

14 mai 1947 à 18h00 : Arrivée à Hanoï ( Foire- Exposition). La Compagnie apprend qu’elle doit s’installer le lendemain dans un ex-hôpital à 5 km de la ville pour des raisons sanitaires car les Chasseurs Emery André et Chevalier Pierre sont morts à l’hôpital d’un accès pernicieux (voir complément d’information ci-dessous).

Chasseur André EMERY

Le Chasseur Emery avait 18 ans quand il s’est éteint à l’hôpital d’Hanoï d’un accès pernicieux. Il était originaire de Verrières-le-Buisson dans l’Essonne.

Son nom est inscrit sur le Mémorial du 1er RCP à Pamiers (09), ainsi que sur le monument aux Morts de la commune de Verrières-le-Buisson (91)

Chasseur Pierre CHEVALIER

Le chasseur Pierre Chevalier, originaire de Cousances-aux-Forges dans la Meuse n’avait pas encore atteint sa vingtième année quand il mourut d’un accès pernicieux à l’Hôpital d’Hanoï.

Son nom est inscrit sur le Mémorial du 1er RCP à Pamiers (09), ainsi que sur le monument aux Morts de la commune de Cousances-aux-Forges, sur la stèle commémorative du Lycée Henri Vogt de Commercy (55) et sur le Monument commémoratif aux combattants d’Indochine de la Meuse à Verdun (55)


13 Mai 1947

Caporal Pierre HAUMONT

Samedi 31 mai 1947 : Le Caporal Haumont Pierre est décédé à l’hôpital d’ Hanoï d’un accès pernicieux ( mort le 30 mai 1947)

Le Caporal Pierre Haumont était né en Lorraine à Mont-Saint-Martin . Il avait 18 anset 2 mois lorsque l’accès pernicieux l’a emporté.

Le Caporal Pierre Haumont avait le brevet de parachutiste militaire n°12 394 du 14 juin 1946.

Son nom est inscrit sur le Mémorial du 1er RCP à Pamiers, sur le Monument aux Morts et sur le Monument aux Morts tous conflit de Mont-Saint-Martin (54).


Chasseur Louis FOURQUET

Le 31 juillet 1947, le Chasseur Fourquet du 1er Peloton de la 1ère Compagnie du 1er RCP se noie dans un canal passant près du poste de Mau Luong.

Louis, Jean Fourquet était originaire de Paris (14e) où il était né le 04 septembre 1927. Il n’avait pas encore 20 ans.


Chasseur Lucien BANIZETTE

Mort pour la France le 03-09-1948 Hanoï (Tonkin)

Né le 04-04-1929 à Coutras (33 – Gironde, France)

19 ans, 5 mois et 1 jours

Le 15 aout 1948, le Chasseur BANISETTE se tire une balle dans le ventre en manipulant son pistolet-mitrailleur au cantonnement à Hanoï. Opéré d’urgence, il sera considéré comme sauvé. Son état s’améliorait de jour en jour, mais le 3 septembre 1948 il décède à L’hôpital d’Hanoï.


Chasseur Jean MAROTEL

Le Chasseur MAROTEL est né le 27 juin 1928 à Saint Laurent, près d’Epinal dans les Vosges. Il s’engage le 20 février 1946 au 504e Régiment de Chars de Combat. Puis sert successivement au 11ème Régiment de Cuirassiers, à la 32ème Compagnie de Quartier Général puis au 1er Bataillon du 1er RCP.

Décorations : Médaille militaire, Croix de Guerre des T.O.E. avec citation à l’ordre du corps d’armée

Le nom du Chasseur MAROTEL apparait sur les monuments suivants :

  • Mémorial de Fréjus sur le Mur du Souvenir (Var)
  • Mémorial du 1er RCP à Pamiers (Ariège)
  • Monument aux Morts Indochine-Corée de Dijon (Côte d’Or)
  • Monument aux morts de Saint-Appolinaire ( Côte d’Or)
  • Monument commémoratif départemental, guerre d’Indochine d’Épinal (Vosges)

La mort du Chasseur MAROTEL relatée dans le livre « Le Para » de Georges Fleury

« Le P.C. du bataillon a annoncé l’arrivée d’un spécialiste du Génie parachutiste porteur de pains de T.N.T. L’artificier débouche bientôt sur la colline avec son escorte et place sa charge sous le canon de 37 trop lourd à transporter. Lorsque tout est prêt, les chasseurs s’écartent prudemment du matériel piégé. Le gradé du Génie, à l’abri lui aussi, actionne la petite manette de sa boîte noire de mise à feu électrique.

La terre semble se soulever entre les paillotes et les murs en dur. Un nuage de poussière et de débris retombe sur les parachutistes assourdis qui sortent de leurs abris. L’écho de la formidable explosion court de colline en colline. « Sacré bonsoir ! se dit Leguéré en découvrant les dégâts du T.N.T. Le gars a eu la main drôlement forte… » Les chasseurs alimentent le brasier né de la destruction de l’arme lourde de tout le matériel administratif des Viets Minhs de Mai Su. Les paperasses brûlent vite. Leguéré, suivant les ordres du P.C., fait jeter les fusils récupérés dans les flammes après avoir fait vérifier que les plus modernes d’entre eux ne sont plus approvisionnés. Le brasier crépitant faiblit à l’apport de ce mauvais combustible. Le para s’éloigne de l’autre côté du village pour préparer le démontage qu’il devine imminent. Une détonation s’échappant du foyer ronflant à nouveau le ramène sur la place. Une des jeunes recrues de sa section s’est écroulée au sol, tout près du feu. L’infirmier de Leguéré, penché sur l’homme blanc comme un linge, fait la moue. Lorsque, dans un hoquet nerveux, le blessé laisse échapper d’un coin de lèvres un mince filet de sang, le chef de section comprend que la deuxième classe, touché au ventre, vient de mourir. – C’est tout de même con ! enrage – t – il en contemplant la forme molle de l’homme qui a été touché par une balle restée dans la chambre d’une des archaïques pétoires qui se tordent dans le feu, à quelques mètres du gisant. L’infirmier, d’un effleurement de paume de sa main droite, ferme les yeux de son compagnon dans un geste trop de fois exécuté. Un chasseur se signe pudiquement, marmonnant une prière sincère. Leguéré s’éloigne de la triste scène, bouillonnant de fureur impuissante : le mort devait quitter l’Indochine dans quelques jours. »