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Lundi 8 septembre 1947
Patrouille aux ordres du Lieutenant Faury avec 3 groupes provenant des Pelotons Gourlaouen et Leguéré sur Ngoc Lang et Hoé Lam dans la région de Ké Sat. un gnack1(sic) tentant de s’échapper est blessé.
1 : gnack pour niakoué : ce terme (très injurieux) désigne les vietnamiens ; par extension, tous les asiatiques . Ce mot vient du vietnamien « nhà quê », terme péjoratif qui signifie paysan ou « bouseux ».

Mardi 9 septembre 1947
RAS
Témoignage
Lettres du Lieutenant Blanc à son épouse.
Dans cette lettre Paul Blanc explique lui explique les remaniements au sein du 1er Bataillon et livre ses états d’âme à se sujet
2 septembre 1947
Ma petite Chérie,
Laupies et maintenant officiellement chef du 4e Bureau. Nous avons reçu un renfort d’officiers et aux dernières nouvelles, un capitaine et un lieutenant plus ancien que moi étaient affectés à la compagnie, ce qui va me ramener à la fonction de chef de section. Les histoires d’ancienneté sont bien bonnes mais c’est quand même un peu gros. Cette fois, Laupies a défendu le bot de gras, il a fait remarquer que finalement c’est moi qui avait presque toujours commandé la Compagnie au combat et que je méritais quand même mieux. Quant à moi, j’ai demandé à changer de compagnie. La place de chef de section n’est pas déshonorante, au contraire, mais je ne veux pas l’être dans une compagnie que je commande depuis pas mal de temps déjà. Je préfère être chef de section dans une autre compagnie. D’autant plus que le capitaine qui va prendre le commandement est une « cloche finie » que tout le monde a su apprécier. Jusque là à l’État-Major du Régiment, il s’est avisé qu’il n’avait pas la Légion d’Honneur et a demandé le commandement de la Compagnie. Finalement, rien de définitif n’a encore été fait (sauf l’affectation du Capitaine. Je serai fixé sur mon sort demain ou après demain. Je ne me casse d’ailleurs pas la tête, je suis un peu peiné de quitter la Compagnie c’est tout. Mais je suis quand même heureux de sentir que j’ai tout fait pour épargner les vies, tout en remplissant au mieux ma mission. Le matin de Ké Sat, j’avais demandé à Dieu qu’il n’y ait pas de tué à la Compagnie, j’ai été écouté, nous n’avons eu que quelques blessés (…)
Ton mari fou de toi et bien malheureux sans toi qui est toute ma vie.
Paul «
« 5 septembre 1947
Ma petite Chérie,
(…)
Je suis rentré hier soir au PC de la 1ère Compagnie. Toutes mes affaires sont bouclées ce qui explique cette lettre écrite au crayon. Je suis muté comme adjoint au Capitaine Laffargue commandant la 3ème Compagnie. Le chef de bataillon m’a convoqué ce matin et m’a jeté des fleurs. Il m’a dit que l’arrivée d’officiers plus anciens que moi au Bataillon avait obligé des remaniements. Il m’avait nommé adjoint à Laffargue qui, ancien prisonnier, n’était pas très au courant de la guerre moderne. Il a ajouté : » du point de vue militaire et combat, vous êtes un des meilleurs officiers du Bataillon et en tous cas, mon meilleur Lieutenant, Pourtant une chose me gène, c’est votre brusquerie avec vos subordonnés et même avec vos supérieurs ».
Faisant la roue et pénétré de mon importance, me voilà donc à cette table t’écrivant que je t’aime et que je t’adore.
(…)
Ton Paul
Patrouille dans les rizières ( Photo Bocage)
Merci pour ces témoignages sur les petites frictions dans l’armée.
Je retiens qu’il était surtout préoccupé de sauver des vies et rien que pour cela il méritait la première place.
Ses lettres à sa femme sont touchantes. Je me demande s’il n’y avais pas de censure ?
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Je ne pense pas qu’il y ait eu une censure à ce moment là. Le lieutenant Blanc s’auto-censurait quand il s’agissait d’opérations. Par exemple, en ce qui concerne Ké Sat, il n’a pas parlé à sa femme des opérations qu’il préparait. Il lui en a parlé seulement quand l’opération a été terminée. Bonne soirée.
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Bonjour Nathaly
Non, la censure n’existait pas en Indochine pendant ces années 1947-1949.
Pour plusieurs raisons , dont une à mon avis est importante, c’est le temps qu’il fallait pour qu’un courrier parvienne à son destinataire.
Entre la date de l’info de l’opération et la date d’arrivée de la lettre en Métropole, il fallait compter 10 à 15 jours. C’est à dire que l’info arrivait en France après la fin de l’opération . Donc, sans intérêt .
Autre raison : Bien souvent nous étions informés du lieu de l’opération par les congaïs ( femmes) serveuses dans les bar
Bien à viyu==s à soldats, avant même que nos Chefs nous en parle. Au moins à Hanoi . Dans le centre Annam, le secret était mieux gardé.
Petit détail : En raison du degré d’humidité au Tonkin, les enveloppes étaient vendues sans colle. Nous fermions nos lettres avec du riz gluant, faisant office de colle . Pas une garantie de discrétion !
Bien à vous
Ernest Morin
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