JMO 1ère Cie du 1er RCP – Période du 17 au 23 octobre 1948 – Opération « VALENTIN » à Maï Su

Dimanche 17 octobre 1948

06h30 : Départ de Bach Maï

07h45 : Parachutage de la Compagnie à Mai Su.

La Compagnie a pour mission :

  • Occuper la partie Sud de la DZ ( dropping zone = zone de saut) constituée par la grande vallée de Maï Su
  • De faire la liaison avec un bouchon de la CB (Compaggnie de commandement du Bataillon), à 2 km au Sud

Le largage a été déplorable. Les deux-tiers de la Compagnie atterrissent dans la forêt au Sud de la DZ pourtant large de 800 mètres et longue de 2 km. La conquête des objectifs peut néanmoins être réalisée dès 08h30. De nombreuses armes sont récupérées et de très nombreux Vietminh sont tués

10h30 : La Compagnie a récupéré un canon de 37mm et des stocks de cartouches.

12h00 : La liaison avec le bouchon de la CB est réalisé.

L’après-midi est calme. Les parachutes sont récupérés. Il faut abattre un arbre pour récupérer un parachute. A la tombé de la nuit, nous en aurons à peine récupéré 50 !

Dans la nuit, quelques coups de feu sont tirés sur le P.A. ( point d’appui) de la Compagnie, installé au sommet du piton au centre de notre objectif

Lundi 18 octobre 1948

08h00 : Sortie sur Dam Tri, village à6 km au Sud-Est de Maï Su. Le pays est vide, sortie sans incident. La nuit est calme

Mardi 19 octobre 1948

La journée est passée à Maï Su. Le dispositif d’installation de la Compagnie est changé : une section reste seule au piton, tandis que le reste de la Compagnie s’installe au village même, au pied du piton. C’est la 1ère section qui reste au piton.

La nuit, le Viet-Minh (VM) tente une attaque contre le piton un groupe qui tentait de le contourner par le village tombe sur une sentinelle et se disperse en laissant sur le terrain des cartouches et un fusil japonais. Un groupe plus important s’infiltre du sud, par des broussailles, arrive à portée de grenade des emplacements de combat et donne l’assaut. La réaction de la section Gardes est très vive. L’incident est réglé par la fuite des VM qui laissent sur le terrain plusieurs morts, des grenades et un mousqueton français.

Mercredi 20 octobre 1948

La journée est passée à Maï Su. Le Chasseur MAROTEL est tué d’une balle de fusil local. Un enterrement très simple lui est fait au PC. La nuit se passe calmement

Jeudi 21 octobre 1948

07h30 : Départ de Maï Su après de nombreuses destructions. La Compagnie doit escorter le convoi de coolies, porteurs de parachutes et des munitions jusqu’à Lam. Le reste du Bataillon doit continuer directement sur Luc Nam. La progression s’effectue sans incidents autres que ceux du à l’insuffisance de coolies.

14h00 : Arrivée à Lam, la Compagnie s’installe pour la nuit.

Vendredi 22 octobre 1948

11h00 : Départ de Lam en LCM et LCA qui descendent le Song Luc Nam, puis le Song Thaï Buh jusqu’à Haï Duong où la Compagnie arrive après quelques avaries de moteur. A Haï g, la Compagnie est inconfortablement installée.

C’est la fin de l’opération « VALENTIN ». Au total,la Compagnie a récupéré 29 fusils, 3 révolvers et 1 canon de 37 mm

Samedi 23 octobre 1948

11h30 : Départ de Haï Duong en train

14h00 : Arrivée à Hanoï


In Mémoriam

Le Chasseur MAROTEL est né le 27 juin 1928 à Saint Laurent, près d’Epinal dans les Vosges. Il s’engage le 20 février 1946 au 504e Régiment de Chars de Combat. Puis sert successivement au 11ème Régiment de Cuirassiers, à la 32ème Compagnie de Quartier Général puis au 1er Bataillon du 1er RCP.

Décorations : Médaille militaire, Croix de Guerre des T.O.E. avec citation à l’ordre du corps d’armée

Le nom du Chasseur MAROTEL apparait sur les monuments suivants :

  • Mémorial de Fréjus sur le Mur du Souvenir (Var)
  • Mémorial du 1er RCP à Pamiers (Ariège)
  • Monument aux Morts Indochine-Corée de Dijon (Côte d’Or)
  • Monument aux morts de Saint-Appolinaire ( Côte d’Or)
  • Monument commémoratif départemental, guerre d’Indochine d’Épinal (Vosges)

La mort du Chasseur MAROTEL relatée dans le livre « Le Para » de Georges Fleury

« Le P.C. du bataillon a annoncé l’arrivée d’un spécialiste du Génie parachutiste porteur de pains de T.N.T. L’artificier débouche bientôt sur la colline avec son escorte et place sa charge sous le canon de 37 trop lourd à transporter. Lorsque tout est prêt, les chasseurs s’écartent prudemment du matériel piégé. Le gradé du Génie, à l’abri lui aussi, actionne la petite manette de sa boîte noire de mise à feu électrique.

La terre semble se soulever entre les paillotes et les murs en dur. Un nuage de poussière et de débris retombe sur les parachutistes assourdis qui sortent de leurs abris. L’écho de la formidable explosion court de colline en colline. « Sacré bonsoir ! se dit Leguéré en découvrant les dégâts du T.N.T. Le gars a eu la main drôlement forte… » Les chasseurs alimentent le brasier né de la destruction de l’arme lourde de tout le matériel administratif des Viets Minhs de Mai Su. Les paperasses brûlent vite. Leguéré, suivant les ordres du P.C., fait jeter les fusils récupérés dans les flammes après avoir fait vérifier que les plus modernes d’entre eux ne sont plus approvisionnés. Le brasier crépitant faiblit à l’apport de ce mauvais combustible. Le para s’éloigne de l’autre côté du village pour préparer le démontage qu’il devine imminent. Une détonation s’échappant du foyer ronflant à nouveau le ramène sur la place. Une des jeunes recrues de sa section s’est écroulée au sol, tout près du feu. L’infirmier de Leguéré, penché sur l’homme blanc comme un linge, fait la moue. Lorsque, dans un hoquet nerveux, le blessé laisse échapper d’un coin de lèvres un mince filet de sang, le chef de section comprend que la deuxième classe, touché au ventre, vient de mourir. – C’est tout de même con ! enrage – t – il en contemplant la forme molle de l’homme qui a été touché par une balle restée dans la chambre d’une des archaïques pétoires qui se tordent dans le feu, à quelques mètres du gisant. L’infirmier, d’un effleurement de paume de sa main droite, ferme les yeux de son compagnon dans un geste trop de fois exécuté. Un chasseur se signe pudiquement, marmonnant une prière sincère. Leguéré s’éloigne de la triste scène, bouillonnant de fureur impuissante : le mort devait quitter l’Indochine dans quelques jours. »

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